Blog: "Ramenez-nous nos maris" - Hoofdinhoud
C'est ce que j'ai entendu la semaine dernière, lorsque j'ai rencontré un groupe de femmes à Matam, dans le nord-est du Sénégal. Matam est une région très touchée par l'insécurité alimentaire et la malnutrition. C'est aussi une région qui voit nombre de ses enfants partir et mettre leur vie en danger à la recherche d'un avenir meilleur.
J'ai visité Matam et lancé les deux premiers projets du volet Afrique de l'Ouest et lac Tchad du Fonds fiduciaire de l'UE destiné à lutter contre les causes profondes de l'instabilité et de la migration irrégulière en Afrique. Ces deux projets ont un objectif: offrir de meilleures conditions de vie aux populations locales. Nos deux projets vont bénéficier directement à près de 125 000 personnes. Ils vont permettre d'améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que l'accès à l'eau et aux installations sanitaires. Ils vont également couvrir les besoins essentiels des personnes les plus vulnérables au travers d'activités génératrices de revenus telles que la diversification et l'amélioration de la production agricole. Comme ils s'appuient sur des activités déjà existantes, ces projets débuteront très rapidement. C'est une nouvelle preuve que notre Fond fiduciaire est un outil très pertinent pour faire face rapidement aux défis auxquels nous sommes confrontés. Il nous donne la flexibilité dont nous avons besoin et nous permet d'obtenir rapidement des résultats par des actions ciblées visant à atteindre ceux qui ont besoin de notre aide maintenant.
J'ai été très touché de rencontrer ce groupe de femmes, la plupart très jeunes et avec des bébés. La couleur vive de leurs robes contrastait avec ce que je pouvais lire dans leurs yeux. Je pouvais voir et toucher du doigt leur réalité: la migration en raison du désespoir. Elles m'ont raconté que leurs maris ont dû partir parce qu'ils n'avaient pas de débouchés. Ils ont dû partir pour essayer de trouver ailleurs ce qu'ils ne pouvaient pas trouver là où vivent leurs proches. Aujourd'hui ces familles sont déchirées. Leur avenir est marqué par l'incertitude. Et elles souhaitent juste être réunies, ces femmes veulent que leurs maris reviennent. C'est aussi simple que cela.
J'ai été ému mais en même temps heureux de constater combien les projets de notre Fonds fiduciaire sont pertinents. Ils visent à créer des opportunités qui permettront à ces hommes de rester. A ce jour, plus de 50 programmes, pour un montant total de 750 millions d'euros, ont été adoptés dans le cadre du Fonds fiduciaire. Nous savons tous que ce Fonds est un des nombreux outils disponibles pour répondre, conjointement avec nos partenaires, aux flux de réfugiés et aux mouvements migratoires. Et j'attends donc avec impatience les propositions que la Commission européenne fera prochainement dans le domaine de la migration légale. C'est ce que nos partenaires attendent, peut-être davantage que notre appui financier.
Le Sénégal est l'un des principaux bénéficiaires du Fonds Fiduciaire. Lorsque j'ai rencontré le Président du Sénégal, Macky Sall, je lui ai clairement dit que notre but n'est pas d'éradiquer la migration. Notre but est de faire en sorte que la migration profite au développement et que le développement profite à la migration. Le Président a souligné que l'Europe doit se souvenir que, même si elle peut rencontrer des difficultés en accueillant réfugiés et migrants, c'est en fin de compte des pays comme le Sénégal et d'autres qui perdent bien plus en voyant leurs jeunes et leurs personnes de talent quitter le pays, la migration irrégulière fait que nos pays partenaires perdent leurs forces vives…
Avec cette compréhension commune, fondée sur le respect et la solidarité, je suis convaincu que nous pouvons aller de l'avant pour nous attaquer aux causes profondes de la migration et pour mettre en œuvre le plan d'action de La Valette dans tous ses aspects.
La migration, ce ne sont pas seulement des chiffres. La migration, ce sont des êtres humains. Des êtres humains qui meurent, qui risquent leur vie, qui quittent leurs proches pour un futur incertain. Lorsqu'embarquer un bateau pour un voyage en mer dangereux paraît plus sûr que de rester sur terre, il y a assurément quelque chose qui ne va pas. Le seul outil que nous ayons pour nous attaquer aux causes profondes d'une telle tragédie, c'est la politique de développement. L'UE est plus engagée que jamais!
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