Pour que migration et développement bénéficient mutuellement l’un à l’autre - Main contents
Le développement est la meilleure garantie d'une stabilité à long terme.
Les migrants et les réfugiés ont toujours été une réalité. Mais les aider et trouver la bonne façon de gérer les migrations et les flux de réfugiés vers l'Europe est devenu une question des plus brûlantes pour chacun de nous.
Nous avons tous en tête l'image de ces bateaux de fortune, surchargés, tanguant dangereusement et menaçant de couler à tout instant. Nous avons tous en tête les images de ces hommes, femmes et enfants arrivant à bout de souffle sur les côtes européennes. Le regard hagard mais gardant au fond des yeux l'espoir d'un avenir meilleur. Ces images sont une insulte à notre humanité commune. Elles ont réveillé nos opinions publiques endormies. Et elles doivent aujourd'hui nous pousser tous à agir.
La migration est un phénomène naturel, aussi vieux que l'Histoire. De tout temps, les hommes ont migré, offrant aux sociétés qui les accueillaient de grandes richesses. La migration, c'est surtout un élément de notre propre histoire européenne récente. Au début du siècle dernier, des Européens ont laissé derrière eux leurs familles en quête d'un avenir meilleur aux Amériques. Dans les années 40, des millions d'Européens ont fui le fascisme.
Bien gérée et régulée, la migration n'est pas un problème. C'est un phénomène naturel qu'il faut gérer. Arrêtons d'agiter les fanions de la peur et du rejet de l'autre pour faire grandir les nationalismes et les extrémismes. Les vraies questions qui doivent être au cœur de nos discussions sont les suivantes : qu'est ce qui conduit des hommes et des femmes à risquer leur vie et à tout quitter dans l'espoir d'un avenir meilleur ? Comment gérer et comment faire de ces flux migratoires un facteur de développement pour les pays d'origine de ces migrants et pour nos propres Etats membres?
La vraie réponse que nous devons donner est que nous devons nous attaquer aux causes profondes d'un tel phénomène. Aucun mur, aucune mesure coercitive, répressive ou sécuritaire ne pourront jamais empêcher un être humain de vouloir tenter sa chance ailleurs. De vouloir se donner à lui et aux siens la chance d'un présent acceptable et d'un avenir meilleur. De vouloir trouver ailleurs la sécurité et la dignité qu'on lui refuse chez lui.
Les Chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne et du continent africain ont reconnu ce principe lors du Sommet de la Valette sur la migration en novembre dernier. Redonner de l'espoir, particulièrement à la jeunesse en Afrique, est une priorité absolue. La création d'un fonds fiduciaire européen pour s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité et de l'immigration irrégulière répond à cette vision des choses. Et ceci sera fait via une approche globale qui met l'accent sur quatre objectifs.
Un: créer des débouchés économiques, en particulier pour les jeunes et pour les femmes. D'ici quelques années, ce sont 400 millions de jeunes qui débarqueront sur le marché de l'emploi en Afrique. Si nous ne faisons rien, ce sont autant de jeunes sans perspective que nous abandonnerons à leur sort et qui seront autant de victimes de réseaux et de trafics divers dont ils seront les premières victimes.
Deux: renforcer les projets en faveur des services de base pour les populations locales dans les zones à risques. L'éducation, la santé et la sécurité alimentaire sont les meilleures garanties d'une stabilité à long terme.
Trois: améliorer la gestion des flux migratoires, y compris la lutte contre les réseaux criminels. J'en parlais la semaine dernière avec les Présidents du Ghana, du Tchad et de Mauritanie.
Quatre: renforcer la gouvernance et l'Etat de droit, qui sont les meilleurs remparts contre la radicalisation et l'extrémisme.
Mais tout ceci, nous ne pouvons le faire seuls. C'est d'abord et avant tout à nos frères et amis africains, qu'il revient de mettre l'accent sur la créations d'emplois, de donner la priorité à leurs jeunesses, à leurs femmes et leurs filles qui sont un potentiel inespéré, de traquer sans relâche les réseaux criminels de tout genre qui tirent profit de la détresse de tant des leurs, d'investir dans des zones reculées de leurs capitales et qui - laissées à l'abandon - deviendront le terreau fertile des mouvements extrémistes qui frappent déjà leurs pays aujourd'hui.
Pour que notre soutien soit efficace, nous avons donc besoin de l'engagement de nos pays partenaires. Beaucoup d'entre eux accueillent des milliers et des milliers de migrants et réfugiés sur leur territoire depuis des années. Des pays parmi les plus pauvres au monde n'hésitent pas à accueillir des personnes en détresse venues des pays voisins. Des pays comme l'Ethiopie, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Kenya doivent être soutenus; ils sont nos partenaires pour une meilleure gestion de la migration.
L'engagement des pays partenaires doit inclure celui de reprendre leurs ressortissants irréguliers. Ceci n'est pas un engagement nouveau; il existe par exemple déjà dans le cadre de l'accord de partenariat de Cotonou. Bien sûr, l'objectif premier de la politique de développement de l'UE et du fonds fiduciaire européen n'est pas de réduire le nombre de migrants aux portes de l'Europe. Mais nous devons gérer ensemble la migration, en s'appuyant sur toutes nos politiques et tous nos instruments, dans un esprit de partenariat. Nous devons faire en sorte que migration et développement bénéficient mutuellement l’un à l’autre.
C'est le meilleur moyen de bâtir un agenda général et compréhensif sur la migration légale avec nos partenaires, pour que les flux de migration irrégulière laissent peu à peu place à la migration légale, animée par des choix et des aspirations libres plutôt que par la nécessité et le désespoir.
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