La COP 21 se tourne vers les mers et les océans - Main contents
Karmenu Vella, commissaire européen pour l'environnement, les affaires maritimes et la pêche
Vendredi, les discussions sur le climat actuellement menées à Paris — COP 21 — porteront sur les mers et les océans. Le 4 décembre est la journée des océans. Notre planète s'appelle la Terre, pourtant les mers et les océans couvrent 70 pour cent de sa surface et l'eau salée représente 97 pour cent de ses eaux. Nous savons tous que la mer est une source de denrées alimentaires, d’énergie, de mobilité, de médecine et de loisirs, mais ce n’est pas tout... L’essentiel de ce qu'elle nous apporte n'est pas visible: la régulation du climat, la moitié de l'oxygène que nous respirons et l'absorption d'une part importante du dioxyde de carbone que nous émettons. Lors de la COP 21, les dirigeants mondiaux feraient bien de se rappeler que l’un de nos plus solides alliés contre le changement climatique est «la planète bleue» — ou, comme l'explorateur et reporter français Nicolas Hulot le dit, «Le sort de l'océan est entre les mains de l'humanité et le sort de l'humanité est aussi entre les mains de l'océan».
Nous devons maintenir la bonne santé des écosystèmes marins pour lutter contre le changement climatique, mais ce changement déjà en cours rend les choses plus difficiles. Le réchauffement des eaux menace les récifs coralliens et déplace les espèces sensibles aux changements de température de l’eau, et le dioxyde de carbone acidifie les mers, compromettant la viabilité à long terme des organismes marins. La seule façon de briser efficacement ce cercle vicieux à la conférence de Paris consiste à aboutir à un accord ambitieux cherchant à traiter les causes profondes du changement climatique.
Le changement climatique n’est pas le seul problème qui se pose à nos mers et océans. De la surpêche à l’eutrophisation et à la pollution, en passant par la destruction physique, le bruit et les déchets marins, une longue liste d’autres pressions nécessite d'être examinée d'urgence. Même si, comme nous l’espérons, les efforts visant à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre donnent de bons résultats, le réchauffement et l'acidification des eaux persisteront encore un certain temps. De ce fait, il est d’autant plus important de traiter toutes ces pressions simultanément. Dans le cas contraire et si les tendances actuelles perdurent, un réchauffement planétaire d’au moins 3 °C en résultera, aboutissant à des océans dont l'acidité viendrait à bout des récifs de corail.
N'oublions pas qu'en laissant les écosystèmes marins se détériorer, nous mettons également en péril la vie de millions de personnes, des pêcheurs aux opérateurs touristiques; nous nous privons également de l'énorme potentiel de ressources génétiques qu'ils renferment, ce qui revient à détruire l’avenir économique des communautés côtières ainsi que toute perspective de croissance bleue durable.
Les multiples facettes de la protection
Mais nous pouvons encore inverser la tendance. Il n’est pas trop tard pour sauver la planète et limiter le réchauffement à moins de 2 °C. Grâce à une combinaison d’aides financières et de législations contraignantes ou non, l’Union européenne est déjà en train de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de promouvoir les énergies renouvelables, de réduire la consommation d’énergie et d'améliorer l’utilisation efficace des ressources. L’Europe a également mis en place des règles strictes pour protéger le milieu marin, promouvoir l’utilisation durable des ressources marines et contribuer à garantir que les océans continuent à jouer leur rôle dans la lutte contre le changement climatique. Les pays de l’Union adoptent à présent une approche plus stratégique de l’utilisation de l’espace maritime, et sont mieux à même de prévoir et de gérer les incidences cumulées des activités maritimes sur les mers et océans.
Et c'est précisément parce que les mers et océans ont la capacité de stimuler la croissance mondiale, à condition que les contrôles appropriés soient en place, que nous travaillons, au sein de l'Union, à accroître et à partager notre connaissance des océans. Les dépenses de l’Union pour la recherche marine et maritime s’élèvent actuellement à deux milliards d’euros par an. Nous créons actuellement des mécanismes permettant aux scientifiques de mieux coopérer et d’échanger davantage d’informations, et offrant aux chercheurs un meilleur accès gratuit aux informations maritimes. Notre stratégie pour la croissance bleue montre comment la protection du milieu marin peut faire partie intégrante du développement économique. En outre, la Commission prépare en ce moment une nouvelle initiative en matière de gouvernance des océans, qui sera présentée l’année prochaine.
Mais l’Union n’est pas le seul acteur; au contraire, elle n’est responsable que d’une petite partie des mers du globe. Si nous voulons préserver les services écosystémiques essentiels fournis à l'humanité par les mers et océans, il faut que l’ensemble de la communauté internationale se réunisse et conjugue ses efforts en faveur d'une initiative de grande ampleur sur la gouvernance des océans. Il s'agit de modifier les modes opératoires des industries traditionnelles et d'en proposer des nouveaux pour les industries émergentes, de donner l’exemple aux pays en développement et aux économies émergentes et d'atteindre les objectifs les plus récents en matière de développement durable.
On attend donc beaucoup de la conférence de Paris sur le climat. L’Union s'est clairement engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Les dirigeants internationaux doivent avoir le courage politique d'agir de concert et de faire de cette conférence un tournant dans la transition mondiale vers des sociétés à faible émission de carbone et résilientes au changement climatique partout dans le monde.
Il a été dit que nous sommes la première génération à comprendre l’ampleur des menaces existantes, mais également la dernière génération à pouvoir y remédier. Pour la première fois dans l’histoire, nous sommes tous confrontés à une même menace, quels que soient notre pays ou notre culture. Il nous faut un plan. Si nous laissons le changement climatique dégrader nos mers et océans et défigurer la planète, nous serons tous perdants, Européens inclus. Cette semaine, il est encore temps d'agir mais plus pour longtemps.
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